par Fabian Bastianelli

Avez-vous déjà pris conscience quand vous tenez en main une pomme ou tout autre fruit de ce « tout » que vous tenez?

Dans votre main, vous avez la Terre entière, l’univers en quelque sorte. Cette pomme est un choix, un geste qui représente plus que l’étal du marchand qui en a pris soin et qui l’offre à ses clients. Il sait que sans eux, il ne serait jamais là. Les liens qui nous unissent font foi de plusieurs niveaux de conscience!

Dans cette chaîne d’approvisionnement, peut-être que ce même marchand a acheté ses cageots de pommes à un cultivateur qui a récolté les fruits, avec attention et qui les a trié pour en choisir les plus beaux, les plus savoureux. Les fruits ont été cueillis et rangés avec cette même considération, qui vient jusqu’à vous. Ce cultivateur a pris soin de ses arbres, car sans eux, lui non plus ne serait jamais là. De grands bénéfices ont été passés aux arbres du terrain, des minéraux et du temps qui ont tous participé à cette œuvre, avec lenteur et sagesse. De même que le sylviculteur a été attentif à la santé de ses arbres et de leur environnement. Le terrain leur a offert le bon amalgame de nutriments et de bactéries, utiles à leur bon développement.

Ces arbres se sont abreuvés aux nuages, ont été peignés par le vent et réchauffés par le soleil. De la même façon sans distinction sans discrimination, chacun a reçu tout ce dont il avait besoin, tout comme les nuages qui ont abreuvé chaque arbre de la même façon.

Les arbres ont eux aussi fait leur travail; ils ont poussé le mieux possible avec ce qui leur était offert, dans un mouvement perpétuel d’abondance. Convenons que les êtres vivants possèdent une conscience, celle d’activer leurs racines, conscients de là où elles se plongent pour mieux se nourrir, de tendre vers le soleil et de recevoir la pluie qui prendra soin d’eux (oui, conscients, à lire “la vie secrète des arbres” de Peter Wohlleben).
Puis, quand vient le printemps, ils fleurissent, offrant de la nourriture aux insectes pollinisateurs, permettant de partager leur patrimoine génétique par la dissémination du pollen. Insectes favorisant la création des fruits, eux aussi choisissant les plus fertiles, sous la poussée de cette forte envie de co-créer le monde, car ils savent tous, non pas intellectuellement, mais génétiquement, inscrit au fond d’eux-mêmes, que tout est relié.

Et c’est ainsi que le pommier, heureux de tous ces partages, sent croître ses fruits; que la pluie les fait grandir, que le sol leur donne le goût du terroir, que le soleil les rend si savoureux. Quand tous les fruits sont mûrs, l’arbre les offre à qui les veut, dans une pleine abondance porteuse de tous ses bienfaits. Que ce soit le chevreuil gracieux, le sanglier patibulaire, l’enfant gourmand, le travailleur prétentieux ou le mendiant affamé. Tous recevront ces fruits de la même façon, dans ce don naturel et si essentiel. Alors, lorsque vous mangerez une pomme, ou n’importe quel fruit, pensez à cette bienveillance et cette générosité qui vous permet d’être là à le croquer.

Ainsi va la nature, celle-là même qui est inscrite au fond de nous.